Femme en robe blanche aux longues manches flottant au vent et détournant son regard vers la rivière en arrière

Lorsque j’admire un objet ou une œuvre et que je m’émerveille devant le talent de son auteur, j’oublie souvent que c’est le résultat de tout un processus, à commencer par l’inspiration.
Comment la trouver cette fameuse inspiration ?

J’aime l’appeler « Dame Inspiration » : familière et insaisissable, se faisant souvent désirer, surgissant à l’improviste, agissant telle un guide dans un labyrinthe. Si Messire « Blocage » ne surgit pas, elle passe le relais à « Dame Raison » qui étudie et planifie la réalisation.

L’imaginaire a une grande part dans mon travail mais l’artisanat est aussi très concret. Je vais vous montrer ma propre expérience avec un exemple de création. Ce n’est qu’une manière parmi d’autres de procéder et je vous partage simplement mon expérimentation.

La vision intérieure d'une création

Illustrations et photo de film du Seigneur des anneaux représentant Eowyn et Galadriel
(De gauche à droite) Extrait du film Les deux tours - Illustratin de John Howe - Illustration d'Alan Lee

Tout commence par cette fameuse idée qui surgit dans ma tête. Je ne sais pas encore où elle me conduit et je l’accueille. Elle me présente plusieurs images imprimées dans ma mémoire.

  • Une scène du film Le Seigneur des anneaux – Les Deux Tours, où Eowyn, princesse du Rohan, se tient debout sur le perron du château d’Edoras, face au vent et à l’immense plaine. Elle me donne une impression de simplicité bien que sa tenue de qualité montre sa noblesse. Et surtout, ses cheveux, sa robe et ses longues manches flottent au vent !
  • Une autre scène me revient du film La Communauté de l’anneau, de la même Trilogie : Galadriel, vêtue de blanc, dans la verdure de son royaume de Lothorien. Sa tenue est richement décorée et très légère. Sa robe longiligne accentue sa grande taille et son haut rang. Qui ne rêverait pas de réaliser de telles robes !
  • Je me rappelle alors que l’illustrateur John Howe a réalisé de magnifiques croquis de ces personnages. Je fouille sur son site internet john-howe.com et je trouve une illustration de Galadriel devant son miroir d’eau : une lumière semble émaner de sa personne ainsi que de sa robe qui est assez épurée.

Ces robes sont magnifiques mais mon but n’est pas de les reproduire (quand bien même je pourrais le faire, je n’en aurai pas le droit d’ailleurs).

J’ai alors une sorte de vision d’une robe avec les particularités qui m’ont le plus émerveillée.

C’est assez vague… quelque part dans mon cerveau se trouve une copie de la création… mais comment est-elle ?
Ce que je sais, c’est qu’elle révèle ceci : simplicité, légèreté, impression de grandeur et des manches qui peuvent flotter au vent. J’ajoute aussi : féminité, blancheur et impression d’illuminer.
Je retiens cette liste de qualités pour la suite.

Je serais ravie que les personnes qui porteront cette robe puissent s’approprier ces qualités. C’est même ce qui me paraît le plus important : que cela les fasse ressembler à Eowyn ou à Galadriel, pourquoi pas, ou que cela les fasse se sentir une autre personne tout simplement, c’est encore mieux.

Particularités concrètes du modèle : rien n'est laissé au hasard

Robe fantasy blanche sur un mannequin de couture près chapelle, avec campagne en arrière plan

C’est ici que Dame Inspiration passe le relais à Dame Raison car cette copie de la création présente dans mon cerveau a besoin d’être adaptée afin de devenir réaliste et réalisable.
Une par une, je reprends les qualités de la robe.

  • Je commence par les manches car c’est déjà un point concret : je les choisis très longues, avec une forme oblongue afin de donner une impression de grandeur. Leur tissu et leur doublure sont légers afin de pouvoir flotter un minimum au vent.
  • Afin d’obtenir cette effet de blancheur qui illumine, j’opte pour un tissu blanc pour toute la robe, pas forcément immaculé, mais il peut être légèrement blanc cassé.
  • La légèreté et la simplicité sont obtenues grâce à un tissu assez léger, non sophistiqué, uni, mat, sans détails lourds.
  • Une taille ajustée apporte féminité et une jupe ample et longue accentue l’effet de grandeur.
  • Je termine par un point important : une encolure assez dégagée afin de mettre en valeur celle qui la porte (et qui par la même occasion va l’agrandir !).

La couleur blanche : sa symbolique et son utilisation pratique

Femme vêtue d'une robe fantasy blanche se tient aux aguets au milieu de la rivière

Dame Inspiration me rappelle soudain que cette couleur est la caractéristique des deux personnages qui m’ont inspirée :

      • Eowyn, la noble et vaillante vierge guerrière Rohirrim
      • Galadriel, l’illustre et sage reine Elfe Noldor.

Le blanc évoque chez elles :

    • leur haut rang
    • leur rôle bénéfique dans l’histoire comme un rayon de lumière surgissant dans l’ombre
    • la sagesse pour Galadriel
    • la figure pure d’Eowyn.

Si la symbolique de la couleur blanche vous intéresse, je vous invite à parcourir mon article sur le sujet.

D’un côté pratique (me souffle Dame Raison à l’oreille), un tissu blanc léger peut avoir une certaine transparence. Une doublure intégrale de la robe s’impose alors. L’idéal serait aussi une matière facile d’entretient car le blanc uni est salissant.

Si celle qui la portera souhaite courir dans les prairies, prendre la pause sur la mousse des forêts ou bien faire refléter sa silhouette sur l’eau les pieds dans la rivière, elle pourra le faire plus sereinement si la robe est facilement lavable.

De l'idée au dessin ...et du dessin à la concrétisation

Croquis de mode d'une robe de fantasy blanche

Vient le moment tant attendu de réaliser un dessin : c’est le passage de l’idée à sa réalisation pratique ! 

Ce n’est pas vraiment mon talent, mais heureusement le croquis n’est pas un dessin d’art car il est simplifié, il laisse beaucoup de liberté et son but est de mettre en valeur le vêtement.

Ayant compris que son objectif n’est pas la perfection, je n’hésite pas à faire l’impasse sur le visage et les mains : je ne dessine que le vêtement sur le corps. Je visualise ainsi sa forme, son volume, sa couleur, ainsi que les détails.

J’en profite pour noter les types de tissu, leur texture, ou bien des idées d’ornementation, un gros plan sur le système de fermeture, le détail d’une manche, etc.
Mon dessin est perfectible (Dame Inspiration) mais, ma foi, ce n’est qu’un outil (Dame Raison) !

Je laisse toujours mon croquis en évidence dans mon atelier tant que je n’ai pas réalisé le modèle. J’aime le regarder pendant la confection car il me recentre sur ma vision et mon objectif.
C’est comme une promesse, matérialisée sous mes yeux.

Le résultat dépasse l'idée !

Quand je pense aux costumes de film et à l’illustration de John Howe, je réalise que leur travail créatif m’a permis de déployer le mien : c’est un peu comme une chaîne de créativité.

Une chaîne sans fin, car je serai heureuse que quelqu’un laisse sa créativité s’exprimer en portant cette robe.

A cet instant, Dame Inspiration me fait un clin d’œil et semble me dire « prête pour la création suivante ? ».

Je voulais une robe qui puisse évoquer toutes sortes de personnages ou d’histoires, pas seulement ceux du Seigneur des anneaux. La voir portée par différentes personnes, c’est ce que je préfère, car elle les révèle chacune d’une manière unique.

 

Je souhaite qu’en portant cette robe, chacune puisse se sentir belle, légère, féminine, unique…
Lorsque je la vois au cœur de la nature, l’effet est saisissant.

J’espère qu’elle vous fera rêver.